Publié le 15 mars 2024

La vraie sécurité en mer ne se mesure pas à la longueur d’une checklist légale, mais à l’intelligence et la fiabilité de quelques équipements essentiels, validés par l’expérience.

  • Les meilleurs outils sont souvent les plus simples : un couteau toujours à portée de main, une lampe frontale pour garder les mains libres, et une simple pinoche au bon endroit.
  • La sécurité est un comportement avant d’être un équipement. Un gilet doit être porté et entretenu, une ligne de vie correctement installée et utilisée.

Recommandation : Avant d’acheter quoi que ce soit, auditez votre équipement et vos réflexes à travers le prisme du « bon sens marin » : qu’est-ce qui vous sera vraiment utile dans le gros temps ?

Vous venez de faire l’inventaire de votre matériel de sécurité. La liste de la Division 240 est complète, chaque case est cochée. Le radeau est révisé, les fusées sont à jour et le nombre de gilets correspond à votre capacité d’embarquement. Légalement, vous êtes paré. Pourtant, un sentiment persiste. Ce sentiment que le respect de la lettre ne garantit pas toujours l’esprit de la sécurité en mer. C’est le point de départ de tout marin qui passe du statut de plaisancier à celui de véritable chef de bord responsable.

La réglementation fournit un socle indispensable, un minimum vital. Mais elle ne peut pas tout prévoir. Elle ne parle pas de la drisse de grand-voile coincée en pleine nuit, de la manille qui lâche au mauvais moment ou de la durite qui se perce sans crier gare. C’est là que l’expérience, le fameux « bon sens marin », prend le relais. Ce bon sens n’est pas inné ; il se construit mille après mille, en observant, en apprenant et surtout, en anticipant. Il se matérialise par une poignée d’équipements qui ne figurent sur aucune liste officielle mais qui, le jour J, feront toute la différence.

Mais alors, si la véritable clé n’était pas d’allonger la liste, mais de la repenser ? Cet article ne vous donnera pas un catalogue exhaustif de gadgets. Il vous propose la boîte à outils personnelle d’un marin, celle qui a passé l’épreuve du gros temps. Nous allons laisser de côté la réglementation pour nous concentrer sur ces quelques objets, souvent simples, dont la présence à bord relève de l’évidence pour quiconque a connu les vrais caprices de la mer. Ce sont les maillons silencieux de votre chaîne de sécurité.

Cet article va donc explorer ces équipements essentiels, non pas sous l’angle de l’obligation, mais sous celui de l’intelligence pratique. Nous verrons comment chaque outil trouve sa place dans une logique de sécurité globale, pour naviguer l’esprit plus serein.

Le couteau, premier outil de sécurité du marin, à condition de l’avoir sur soi

S’il ne devait y avoir qu’un seul outil non obligatoire, ce serait celui-ci. Le couteau n’est pas une arme, c’est l’extension de la main du marin. Sa fonction première est de trancher net et vite. Un cordage pris dans l’hélice, une écoute coincée sous tension, un harnais qui doit être coupé en urgence… les situations où quelques secondes sont critiques ne manquent pas. Mais son efficacité dépend d’une seule chose : sa disponibilité immédiate. Un couteau au fond d’un sac ou dans le carré ne sert à rien. Le réflexe du marin, c’est de l’avoir sur soi, dans une poche ou à la ceinture, dès que l’on monte sur le pont.

Le choix du couteau doit répondre à des critères pragmatiques, testés et approuvés par les professionnels de la mer. La qualité de l’inox est primordiale pour résister à la corrosion et maintenir un tranchant fiable. Une lame épaisse, d’au moins 3 mm, garantit la robustesse. Le système de blocage de lame est un impératif de sécurité pour éviter qu’elle ne se referme sur les doigts lors d’un effort. Enfin, la possibilité de l’ouvrir d’une seule main et sa visibilité (une couleur vive) sont des atouts majeurs dans l’urgence.

Étude de cas : Le couteau de sécurité Wichard Offshore Rescue

Pour développer son modèle Offshore Rescue, l’équipementier Wichard a collaboré directement avec des professionnels de la sécurité et du sauvetage. Le résultat est l’incarnation de l’intelligence de la simplicité : une lame fixe en inox de 3 mm d’épaisseur, ultra-tranchante et résistante à la rouille, logée dans un étui rigide. Cet étui a été pensé pour être fixé n’importe où : sur une colonne de barre, un gilet de sauvetage ou le long du mât. Le couteau est ainsi toujours accessible, prêt à servir, illustrant parfaitement la philosophie d’un outil de sécurité qui doit être disponible instantanément, sans avoir à y penser.

Que l’on opte pour une lame fixe ou pliante, l’essentiel est de choisir un outil pensé pour l’environnement marin, qui ne vous lâchera pas au moment crucial. C’est le premier maillon de votre sécurité personnelle.

La lampe frontale, votre meilleure alliée pour garder les mains libres la nuit

La nuit en mer, tout change. Les distances, les bruits, les gestes. La moindre manœuvre devient plus complexe. Si la réglementation française exige à juste titre d’avoir à bord une lampe torche étanche ou un moyen lumineux individuel avec 6 heures d’autonomie, l’expérience impose une solution bien plus pratique : la lampe frontale. Son avantage est d’une évidence déconcertante : elle vous libère les deux mains. Essayer de défaire un nœud ou de prendre un ris en tenant une torche entre les dents est une acrobatie que l’on ne fait qu’une fois.

Une bonne lampe frontale pour la mer doit impérativement posséder un mode « lumière rouge ». Ce n’est pas un gadget. La lumière rouge permet d’éclairer à courte distance (le cockpit, une carte marine, un équipier) sans détruire votre vision nocturne. Passer de la lumière blanche à l’obscurité demande de longues minutes pour que vos yeux se réhabituent, un temps précieux que vous n’avez pas lorsque vous devez surveiller l’horizon. La lumière rouge préserve cette accoutumance et garantit une vigilance constante.

Pour bien la choisir, l’étanchéité est un critère non négociable (une certification IPX7 est un bon standard). Idéalement, prévoyez-en une par équipier, plus une de rechange dans le carré. Les modèles rechargeables par USB sont devenus la norme et sont facilement compatibles avec les systèmes 12V du bord. La véritable sécurité, c’est d’avoir la bonne lumière, au bon endroit, sans avoir à sacrifier l’usage de ses mains.

Marin portant une lampe frontale effectuant des manœuvres de nuit sur le pont d'un voilier

L’image d’un marin concentré, le visage éclairé par cette lueur rouge, ajustant une voile dans la pénombre, résume parfaitement l’alliance entre l’homme et la technologie au service de la sécurité. Cet outil simple transforme l’appréhension de la nuit en une routine maîtrisée.

Les jumelles à bord : bien plus qu’un gadget, un instrument de navigation

Les jumelles sont souvent perçues comme un accessoire de confort, pour observer les dauphins ou la côte. C’est une erreur. En réalité, elles sont un instrument de navigation et de sécurité active à part entière. Leur fonction première est d’anticiper : identifier une marque de chenal, lire le nom d’un bateau croisant au loin, repérer un casier mal signalé, ou évaluer l’état de la mer à l’entrée d’un port. Elles sont le prolongement de votre vue, vous donnant de précieuses minutes pour prendre la bonne décision.

Le standard pour un usage marin est le grossissement 7×50. Le « 7x » offre un grossissement suffisant sans être trop sensible aux mouvements du bateau, et le « 50 » (diamètre de l’objectif) garantit une excellente luminosité, particulièrement utile au crépuscule. Mais le vrai plus, celui qui transforme les jumelles en outil de navigation, c’est l’intégration d’un compas de relèvement. Cet ajout permet de faire un point précis en relevant des amers (un phare, un clocher, une pointe de terre) et en reportant les azimuts sur la carte. C’est une technique de navigation traditionnelle d’une fiabilité à toute épreuve, qui ne dépend d’aucune électronique.

Ce compas intégré est la parfaite illustration de « l’intelligence de la simplicité ». Il s’appuie sur le même principe que le compas magnétique de route, dont la réglementation française souligne le caractère essentiel pour se repérer et maintenir un cap. En permettant de prendre des relèvements précis, les jumelles à compas vous offrent une redondance en cas de panne de votre GPS. Elles vous permettent de répondre à la question fondamentale : « où suis-je exactement ? ». Avoir des jumelles à bord, c’est bien. Avoir des jumelles avec compas, c’est s’offrir un instrument de navigation autonome et robuste.

Elles doivent être étanches, gainées de caoutchouc pour une bonne prise en main et les protéger des chocs, et toujours rangées à un endroit accessible depuis le poste de barre. C’est un investissement qui dépasse le simple gadget et qui participe directement à votre capacité à anticiper les dangers et à vous positionner avec certitude.

Votre gilet de sauvetage ne vous sauvera la vie que si vous le portez et qu’il fonctionne

C’est une vérité brutale que tous les sauveteurs en mer connaissent : le meilleur gilet de sauvetage du monde est inutile s’il reste dans son coffre. Une étude de la SNSM le rappelle froidement : 8 noyades sur 10 auraient pu être évitées si les victimes avaient porté leur équipement. Tomber à l’eau est une action soudaine, violente. Il n’y a pas le temps d’aller chercher son gilet. Le seul moment où l’on peut décider de le porter, c’est avant l’accident. Le « bon sens marin » commande de le mettre dès que le temps se lève, la nuit, ou lorsque l’on doit manœuvrer seul sur le pont.

Le choix du gilet dépend de votre programme de navigation, et la réglementation définit des niveaux de flottabilité minimaux en Newton (N). Un Newton équivaut à environ 100g de poussée. Il ne s’agit pas de viser le minimum légal, mais de choisir l’équipement adapté à la réalité des conditions que vous pourriez affronter.

Niveaux de flottabilité selon la zone de navigation
Zone de navigation Flottabilité minimale Type de gilet Spécificités
Jusqu’à 2 milles 50 Newton Aide à la flottabilité Navigation côtière de base
2 à 6 milles 100 Newton Gilet de sauvetage Retournement personne inconsciente
Au-delà de 6 milles 150 Newton Gilet hauturier Toutes zones, mer formée
Enfants <30kg 100 Newton minimum Gilet enfant spécifique Quelle que soit la distance

Le second point, tout aussi crucial, est la maintenance. Un gilet autogonflant est un système mécanique et pyrotechnique. Il doit être vérifié. Penser qu’il fonctionnera le jour J sans jamais l’avoir contrôlé est une illusion dangereuse. La cartouche de CO2 et le système de déclenchement (pastille de sel ou hydrostatique) ont des dates de péremption. Un gilet doit passer l’épreuve du « test du gros temps » avant même d’en avoir besoin.

Checklist de maintenance de votre gilet de sauvetage

  1. Vérification visuelle : inspecter l’état général de l’enveloppe, des sangles et des boucles avant chaque sortie.
  2. Contrôle du percuteur : s’assurer que l’indicateur du système de déclenchement est bien au vert.
  3. Date de péremption : vérifier la date inscrite sur la cartouche de CO2 et sur le système de déclenchement (pastille de sel ou hydrostatique).
  4. Révision professionnelle : faire réviser complètement le gilet par une station agréée selon les préconisations du fabricant (généralement tous les 2 à 3 ans).
  5. Optimisation de la sécurité : équiper le gilet d’une sous-cutale (indispensable pour qu’il ne remonte pas au-dessus de la tête une fois gonflé), d’une lampe flash et, idéalement, d’une balise AIS personnelle.

La pinoche : ce simple bout de bois qui peut empêcher votre bateau de couler

Voici l’objet le plus simple, le moins cher et potentiellement l’un des plus importants de votre équipement de sécurité : la pinoche. Il s’agit d’un simple cône en bois tendre. Sa fonction ? Boucher un trou dans la coque. Les causes d’une voie d’eau sont nombreuses : rupture d’une vanne de passe-coque, choc avec un objet flottant, durite qui se déboîte… Face à un jet d’eau puissant qui envahit le bateau, la panique peut vite s’installer. La pinoche est la première réponse, simple et efficace.

Le principe est rudimentaire : on l’enfonce en force dans le trou. Le bois tendre, au contact de l’eau, va gonfler légèrement et parfaire l’étanchéité, vous donnant le temps d’organiser une réparation plus durable ou de contacter les secours. Avoir un jeu de pinoches de différents diamètres est donc une évidence. Mais comme pour le couteau, leur efficacité dépend de leur accessibilité. Les stocker toutes ensemble dans un équipet au fond du bateau est une erreur stratégique.

Stratégie de répartition : la pinoche au bon endroit

L’expérience montre qu’une voie d’eau provient le plus souvent d’un passe-coque (WC, évier, sondeur, prise d’eau moteur). La meilleure stratégie consiste donc à ne pas centraliser son stock de pinoches, mais à les répartir. Attachez une pinoche du diamètre correspondant avec une petite garcette juste à côté de chaque vanne de passe-coque. En cas de rupture de la vanne, la solution est à portée de main immédiate, même si le bateau commence à gîter et que les fonds sont déjà inondés. Cette approche transforme un équipement passif en une solution active et instantanée.

Aujourd’hui, il existe des alternatives modernes comme des bouchons souples réutilisables ou des pâtes d’étanchéité rapide. Ces solutions sont excellentes, notamment pour des brèches aux formes irrégulières. Cependant, le jeu de pinoches en bois traditionnelles reste un incontournable par sa simplicité, sa fiabilité et son coût dérisoire. C’est l’incarnation même de « l’intelligence de la simplicité » en mer.

Gros plan sur un kit d'urgence pour voie d'eau avec pinoches en bois de différentes tailles

Ne sous-estimez jamais ce simple bout de bois. Il peut littéralement être la seule chose qui se dresse entre votre bateau et le fond.

Division 240 : le guide pour savoir exactement quel matériel de sécurité vous devez avoir à bord

Avant d’aller plus loin dans le « bon sens marin », il est indispensable de maîtriser le socle, la base légale sur laquelle tout repose : la Division 240. Ce texte réglementaire français définit le matériel d’armement et de sécurité obligatoire à bord des navires de plaisance. Il ne s’agit pas d’une contrainte administrative absurde, mais d’un standard minimum conçu pour assurer la sécurité. Le chef de bord a l’entière responsabilité de s’y conformer. Le contenu de cette dotation varie selon la zone de navigation, définie par la distance d’un « abri », c’est-à-dire un endroit où le navire peut se mettre en sécurité.

Comme le souligne le Ministère de la Mer dans son guide officiel :

La Division 240 est conçue pour assurer, autant que possible, la sécurité des membres d’équipage à bord d’un bateau de plaisance en navigation et pour responsabiliser le chef de bord.

– Ministère de la Mer, Guide officiel Division 240

Ce texte est régulièrement mis à jour pour s’adapter aux évolutions technologiques et aux retours d’expérience. Il est donc crucial de se tenir informé des dernières modifications. Connaître cette réglementation n’est pas seulement une obligation, c’est le point de départ de toute démarche sérieuse de sécurité en mer.

Zones de navigation et matériel obligatoire principal
Zone Distance d’un abri Équipements spécifiques obligatoires
Basique Moins de 2 milles Équipement individuel de flottabilité (EIF) 50N, dispositif d’assèchement, moyen de repérage lumineux
Côtière 2 à 6 milles EIF 100N, 3 feux rouges à main, compas magnétique, cartes marines
Semi-hauturière 6 à 60 milles VHF fixe obligatoire, harnais et longes par personne, radeau de survie, 3 fusées parachute
Hauturière Au-delà de 60 milles Balise EPIRB 406 MHz, VHF fixe et portable, trousse médicale complète

Cette liste est le strict minimum. Comme nous l’avons vu, un gilet de 100N est bien, mais un 150N bien entretenu et porté est mieux. Une VHF est obligatoire, mais savoir s’en servir en situation de stress est une autre affaire. La Division 240 est votre checklist de départ, pas votre ligne d’arrivée en matière de sécurité.

Le harnais ne sert à rien si votre ligne de vie n’est pas bien installée

Le harnais et sa longe sont les compléments indissociables du gilet de sauvetage. Leur but n’est pas de vous aider à survivre dans l’eau, mais de vous empêcher de tomber à l’eau. C’est une différence fondamentale. Être relié au bateau par une longe est la sécurité ultime. Mais cet équipement, pour être efficace, doit être utilisé au sein d’un système cohérent : la ligne de vie. Une ligne de vie est une sangle plate, généralement en textile haute résistance, qui court de l’arrière à l’avant du bateau sur chaque bord.

L’erreur classique est de mal la positionner. Une ligne de vie installée sur le rail de fargue, tout à l’extérieur du bateau, est dangereuse. En cas de chute, vous risquez de vous retrouver dans l’eau, traîné le long de la coque, avec de grandes difficultés pour remonter à bord. Une ligne de vie bien installée doit être fixée le plus près possible de l’axe du bateau. L’objectif est simple : même en tombant, vous devez rester sur le pont, et non pas passer par-dessus bord.

La philosophie d’utilisation est tout aussi importante. La règle d’or avec une longe à double brin (un court, un long) est de ne jamais décrocher un mousqueton sans que l’autre soit déjà frappé sur un point d’ancrage. C’est le principe du « toujours accroché ». Les points d’ancrage fixes et robustes dans le cockpit, notamment en fond de cockpit et à la descente, sont cruciaux, car c’est là que l’on passe le plus de temps. Une sangle traversant le fond du cockpit permet à l’homme de barre de rester attaché même lors de manœuvres engagées. La vérification régulière de l’état des sangles (usure, UV) et des coutures des longes est un réflexe de sécurité vital.

Le port du harnais et l’utilisation de la longe ne sont pas des signes de faiblesse, mais la marque d’un marin prudent et prévoyant. Dans le gros temps, la nuit ou en solitaire, ce n’est pas une option, c’est une évidence.

À retenir

  • La simplicité est reine : les outils les plus fiables en situation de crise sont souvent les plus simples (couteau, frontale, pinoche). Leur disponibilité immédiate est plus importante que leur complexité.
  • Le comportement prime sur l’équipement : un gilet de sauvetage doit être porté et entretenu, une ligne de vie doit être correctement installée et utilisée. La meilleure sécurité est celle qui devient un réflexe.
  • Anticiper plutôt que subir : la sécurité passive (réglementation) est un socle, mais la sécurité active (AIS, météo, veille VHF, formation) est ce qui vous permet de garder le contrôle et d’éviter l’incident.

La sécurité passive c’est bien, la sécurité active c’est mieux : les équipements qui anticipent le danger

Jusqu’à présent, nous avons surtout parlé d’équipements qui vous aident à gérer un problème une fois qu’il est survenu (sécurité passive ou réactive). Mais la véritable maîtrise en mer consiste à anticiper pour éviter que le problème n’arrive. C’est le domaine de la sécurité active. Il ne s’agit plus seulement d’objets, mais d’informations et de communication. Votre meilleur outil de sécurité active, c’est votre cerveau, nourri par les bonnes informations.

Le premier pilier de la sécurité active est d’être vu et de voir. Le transpondeur AIS (Automatic Identification System) est une révolution en la matière. Il vous permet de voir sur votre écran tous les navires équipés aux alentours (leur nom, leur route, leur vitesse) et, surtout, d’être vu par eux. Pour un cargo de 300 mètres, votre voilier est invisible au radar par mer formée. Avec l’AIS, vous apparaissez sur son écran de contrôle. C’est une sécurité immense dans les zones à fort trafic. Le second pilier est la météo. Un abonnement à un service de fichiers météo de maille fine vous donne une prévision bien plus précise que les bulletins généraux, vous permettant d’anticiper un grain ou un coup de vent localisé.

Enfin, la communication est essentielle. La VHF est obligatoire au-delà de 6 milles, mais son utilité est universelle. Depuis octobre 2024, la réglementation est claire : tout navire équipé d’une radio VHF doit rester à l’écoute du canal 16 lorsqu’il est en mer. Ce canal est celui de la sécurité et des appels d’urgence. Être à l’écoute, c’est être prêt à recevoir une alerte ou à aider un autre navire. C’est aussi un moyen de recevoir les Bulletins Météo Spéciaux (BMS) du CROSS. Pour aller plus loin, l’idée d’une « boîte à outils de crise » est une excellente pratique : un dossier étanche avec des fiches réflexes (procédure d’appel MAYDAY, homme à la mer) et les numéros d’urgence, comme le préconise la FFESSM pour organiser la pensée en situation de panique. Cet équipement intellectuel ne prend pas de place et pèse lourd dans la balance de la sécurité.

En définitive, la sécurité en mer est un état d’esprit. C’est la culture de l’anticipation, de la vérification et de la formation continue. L’équipement n’est qu’un outil au service de ce bon sens marin qui fait toute la différence.

Votre prochaine étape n’est pas d’acheter frénétiquement tout ce qui figure sur cette liste, mais de l’utiliser comme une grille de lecture. Évaluez votre bateau, votre équipement et surtout, vos propres réflexes avec un regard neuf et pragmatique. La meilleure sécurité est celle que vous construirez vous-même, en toute connaissance de cause.

Rédigé par Hervé Martin, Mécanicien marine et électronicien de bord depuis 20 ans, Hervé a la passion de rendre la technique accessible à tous les plaisanciers. Son expertise couvre tout ce qui touche à la motorisation, à l'énergie du bord et à la maintenance préventive.